Retard des PME et ETI françaises dans leur digitalisation : 3 pistes d’action

 

L’étude du Lab Bpifrance publiée dernièrement révèle que 87 % des 1.800 patrons de PME et ETI interrogés ne mettent pas la transformation digitale comme une priorité stratégique de leur entreprise.

Oui, les PME françaises sont en retard. Nos PME n’y croient pas et ne mesurent pas la menace qui pourtant a bouleversé des secteurs comme le tourisme, la distribution, l’industrie musicale par exemple. Près de la moitié des patrons interrogés pensent que la révolution digitale n’aura pas d’impact majeur sur leur activité d’ici 5 ans. Pourtant, BPI le souligne : 1 entreprise sur 5 risque de disparaître d’ici 3 ans si elle ne fait rien.

C’est un retard d’autant plus flagrant si l’on compare avec nos voisins allemands, qui faisaient ce constat il y a plus de 2 ans dans des études similaires. Entre temps les PME allemande ont fait leur mue. Reste à faire la même chose chez nous. Se digitaliser, c’est renforcer sa compétitivité sur les marchés.

Quelles seraient les pistes d’action pour combler ce retard ? J’en vois 3.

Le rôle du dirigeant moteur du changement

La première piste est d’impliquer le dirigeant. La dernière édition du  baromètre Idaos Lab de la transformation digitale montre que  le leadership stratégique de cette transformation appartient à la direction générale (32%) ou à une direction dédiée (31%). Le dirigeant est le ressort de cette transformation numérique, donne l’impulsion et met en mouvement les énergies pour engager toute l’entreprise. S’il n’est pas convaincu, rien ne se fera. Il faut donc contribuer à sa prise de conscience afin que cet enjeu remonte parmi ses priorités stratégiques quitte à ce qu’il en délègue la mission opérationnelle.

La délégation opérationnelle du projet

La seconde piste d’action est de déléguer la prise en charge opérationnelle du chantier afin de créer, au sein de l’entreprise, une feuille de route, véritable mode d’emploi de cette transformation.En effet, l’étude du BPI Lab montre que le principal frein pour les patrons est la complexité perçue de ce monde numérique (34%) devant le manque de compétence interne (32%) et seulement en 3ème place les moyens financiers (28%). A lire entre les lignes, on perçoit le manque d’une boussole et l’absence de mode d’emploi qui leur permettraient de se fixer un cap et de dérouler une feuille de route concrète. Il reviendra au patron opérationnel de cette transformation de démystifier cette complexité et de poser les jalons à mettre en œuvre. Le dirigeant veillera à positionner cette transformation sur une période assez longue dans le cadre d’un investissement sans en attendre de Retour sur Investissement immédiat.

Formation des équipes

La 3ème piste d’action est de former et acculturer les équipes. Selon le baromètre précité, 90 %, des leaders d’opinion confirment que la transformation digitale n’est pas une finalité, mais une culture. Cette culture est loin d’être acquise malgré des usages qui se développent par la multiplication des outils pour tous – les applications sur les mobiles, la présence sur les médias sociaux ou l’achat en ligne en particulier. Nous constatons tous les jours la demande forte de sensibilisation et de montée en compétence sur le digital. Engager une transformation de cette dimension, c’est agir à tous les échelons de l’entreprise, du comité de direction à l’ensemble des collaborateurs en passant par les managers et relais d’influence. Personne ne doit être laissé sur le côté de la route quelle que soit sa fonction ou son niveau hiérarchique.

Comme le disait le rapport du Conseil National du Numérique sur la croissance des PME,  « s’interroger sur la transformation numérique des PME, c’est s’interroger sur l’avenir de notre économie dans son ensemble ».  Si le dirigeant en a pris conscience, c’est déjà  presque gagné.